Sirènes


Les Monstres

La guerre de Troie






Les Dieux

Les Titans

Les Créatures Surnaturelles

Les récits d'aventures

Les récits d'amour


Les familles Mythologiques

Le Peuple de l'herbe

Rechercher sur le site :

Les créatures surnaturelles

Les Contes Celtes


Des Sirènes se montraient jadis à peu de distance de nos côtes, le plus souvent dans les baies. Elles avaient une chevelure d'or, dont les longues boucles dénouées flottaient au gré de la brise sur leurs épaules nues ; jusque vers la ceinture, leur corps était gracieux comme celui d'une jeune fille, puis il se couvrait d'écailles et devenait semblable à la queue d'un gros poisson.

Quelques-unes paraissaient avoir une prédilection si marquée pour certains endroits du rivage, que ceux qui racontaient leurs gestes les désignaient par le nom de leur lieu préféré. La sirène de la Fresnaye se plaisait tout particulièrement dans cette baie, et àl'embouchure d'une petite rivière qui se jette dans une de ses anses. C'est là qu'elle faisait entendre son chant mélodieux lorsque, à mer montante, elle glissait sur les flots ; partout où elle avait passé, elle laissait une tramée lumineuse qui brillait comme un rayon de soleil. Prise par un sabotier un jour que, bercée sur les vagues, elle s'était endormie et que lu marée l'avait portée tout près du bord, elle le comble de ses dons, parcequ'il a consenti à la remettre dans son élément naturel, et quand elle quitte la Bretagne pour aller dans l'Inde, elle fait présent à ses enfants d'une bourse inépuisable.

Cette sirène n'avait jamais fait de mat à personne, et on ne lui attribue que des actes charitables; mais dans la même baie, vers la rive opposée, la seraine du Fort-la-Latte était redoutée des pécheurs, et, s'ils aimaient à écouter sa chanson pendant le ,jour, ils craignaient de l'entendre la nuit, car c'était alors un signe de tempête ou de mort. On racontait d'ailleurs qu'elle avait enlevé beaucoup de jeunes gens : ceux qu'elle parvenait à toucher seulement du bout du doigt étaient forcés de la suivre dais le palais où elle demeurait sous les flots, entre la pointe de Saint-Cast et celle de la Latte.

D'autres sirènes, ou bien des fées, avaient aussi leur résidence au-dessous des eaux, dans un mon-de fantastique, d'une nature très-particulière ; la mer, rendue solide par une puissance magique,


formait au-dessus une sorte de voûte transparente, à travers laquelle un voyait aussi clair que sous notre ciel. 11 y croissait des arbres et des plantes très étranges qui tenaient à lu flore maritime et à la flore terrestre, et de longues avenues conduisaient à de beaux chtlteRux ornés de toutes les richesses de l'Océan.

Sirènes ou fées, ces femmes ne noyaientpasles marins : elles les secouraient parfois lorsqu'ils étaient en (langer de périr. Elles se contentaient de les garder avec elles, et ils vivaient à l'aise dans ce monde sous-marin : h part la liberté de revenir parmi les hommes, ils y avaient tout h souhait. Quelquefois méme, elles laissaientretournerh leur village les pécheurs qui regrettaient trop leur humble demeure, leur femme pauvrement vêtue et leurs petits enfants.

ttt

Dans les parages du cap Fréhel, une série de hauts-fonds redoutables surgissent des profondeurs des eaux; une « basse » située presque en face de l'ancienne église de Pléhérel, et que l'on appelle «Mouillée» parce que, depuisla marée jusqu'au demi-flot de jusant, la mer y déferle avec de grosses vagues, est signalée h l'attention des marins par un dicton rimé :

Reynelle par la coulée, Prenez garde h Moulllée.


Reynelle est un village de Pléhérel, au fond d'un petit val. D'autres rimes indiquent les divers dangers des mêmes parages :

Entre l'Amas et la Cap, Folet et saint Miché,

Ainsi qu'su Plume d'I'Etandré, S'il vente â doux ris de Nordde Mauvais endroit pour y passer.

Ge banc de l'Etandré s'appelle aussi le Banc maudit, et voici pourquoi :

Autrefois il y avait sur cette basse une telle quantité de turbots que les bateaux de Sain t-Cast, de Plévenon et de Saint-Jacut s'en revenaient tous les jours chargés de ces poissons. Mais au lieu (le remercier Dieu de ses bienfaits, les pécheurs l'injuriaient, et ils allaient y tendre leurs lignes sans observer le repos du dimanche. Or un dimanche qu'ils y étaient réunis on grand nombre ils virent venir é eux une femme vêtue de blanc qui marchait sur les flots sans se mouiller. Elle s'approcha d'eux et leur dit : « Pêcheurs, si vous continuez à violer ainsi le jour du Seigneur, le bras de mon fils s'appesantira sur vous, et d'ici longtemps vous ne prendrez plus de poisson ». Au lieu de l'écouter, les pécheurs se mirent â lui dire des sottises et ù l'appeler sorciére. Ln femme blanche, qui n'était autre que la Vierge, poussa un profond soupir et disparut. Mais Dieu


était irrité contre los pécheurs qui n'avaient pas tenu compte dos avis de sa mère et l'avaient même injuriée. Dès qu'elle fut partie, la mer devint furieuse, et la plupart (les bateaux furent enlevés par l'ouragan. Ensuite Dieu maudit le banc, et depuis on n'y voit plus do turbots; Io Diable y réside et la mer y'est grosse, même par le beau temps.

Dans la partie Nord-Est du Fort-la-Latte, il y a toujours de la hdule sur des bancs de sable• parsemés do rochers qu'on appelle les Collets (lu Château. Voici en quelle circonstance cet endroit est devenu dangereux.

Il y avait autrefois un pécheur qu'on appelait le bonhomme Tonnerre, à cause de son juron favori ; il aimait â pécher sur les Collets du Château, où, disait-il, il prenait plus de poisson que partout ailleurs. Un jour il y entendit chanter. Mais il eut beau regarder dans toutes les aires do vent, il ne vit rien, et comme ta musique avait cessé, il crut qu'il avait rêvé, et il s'en alla. Le lendemain, dès qu'il eut commencé à pécher, les mêmes chants se firent entendre. « Mille tonnerres ! s'écria-t-il, c'est la même voix qu'hier, et il est sûr que je n'ai pas rêvé ! » Il tendit l'oreille, et s'aperçut que la voix venait de sous la mer ; mais il eut beau regarder, il ne vit rien.

Le lendemain dès la pointe du jour le bon-


10 LÉGENDES LOCALES DE LA HAUTE-DRETAGNE

homme, qui n'avait cessé toute la nuit de songer à la chanteuse, partit pour les Collets du Château et se mit à lever les lignes qu'il avait tendues la veille. Il n'en avait pas encore levé la moitié quand il oust encore la voix, et cette fois, il vit une tête de femme qui sortait des flots, puis il aperçut son corps qui se terminait par une queue de poisson : « Ah ! s'écria Tonnerre ; c'est une sirène ; il y a longtemps que j'entends parler des sirènes ; mais jusqu'ici je n'en avais jamais vu. Le beau poisson ! si je pouvais le prendre ! »

Il se mit à tirer ses lignes, sans perdre de vue la sirène qui, ayant fini sa chanson, semblait en-dormie sur les vagues qui la berçaient doucement. Il conduisit son bateau à la godille, sans faire do bruit jusqu'auprès de la dormeuse; puis saisissant un grand panier, et le passant tout doucement sous elle, il l'enleva de l'eau prestement, et la déposa dans le fond de son bateau. Elle s'éveilla, etjetant les yeux autour d'elle, elle se mit à pousser de sourds gémissements; le pécheur la regarda, la vit pâlir comme si elle allait trépasser, puis porter la main à sa queue. « Ah ! mille tonnerres, grommela le pêcheur en apercevant un anneau d'or qui entourait celte queue; tu as là un bel anneau, ma sirène ; si c'est çà qui te fait mal, je vais te l'Ôter. » Et il essaya de toutes ses forces de le lui prendre; mais comme l'anneau ne pouvait passer, il prit son


couteau et finit par le couper et par le mettre dans sa poche. Aussitôt la queue de la sirène se transforma en deux jambes, ses nageoires tombèrent et devinrent de belles robes, que la sirène, redevenue femme, se hâta de revétir, pendant que le pécheur, épouvanté de ce prodige, lui tournait le dos. La sirène lui dit : « Brave homme, no crains rien ; tu viens de faire une bonne action ; mais hâte-toi de quitter ce banc pour me conduire à terre ; j'ai bien envie de me retrouver sur le plancher des vaches, car voilà bien longtemps que je suis dans la mer. Si tu n'avais pas coupé l'anneau qui m'enserrait la queue, je serais morte sans revoir le monde des vivants. Je suis une princesse qu'une méchante fée a métamorphosée en sirène et elle m'a apportée ici pour me jeter dans 'la mer, le seul élément où je pouvais vivre. Elle me -retenait prisonnière dans un palais sous les' eaux, où un dragon me tenait toujours enchaînée ; il n' y a que peu de jours qu'il m'a laissée libre (le venir parfois prendre l'air au-dessus des vagues. 11 sait déjà que je suis délivrée, et désormais il fera trembler la mer en cet endroit, surtout lorsqu'il sentira qu'un bateau s'en approche. A partir d'aujourd'hui jamais il ne fera calme ici. »

(Ldpcnde recueillie à S'-Casl, par M. FRANÇOIS MARQUER).


Certains hauts-fonds sont quelquefois le théâtre des ébats de Nicole, lutin protéiforme qui s'amuse à soulever les ancres des bateaux, à les entratner en dérive, à couper leurs amarres, à embrouiller si bien les lignes, qu'on ne peut les déméler. Il se montre le plus habituellement sous la forme d'un gros poisson ; parfois, il s'élève au-dessus des flots pour se mettre à rire de ses tours, et il parle comme une personne; les pécheurs incrédules disent que c'est un marsouin qui, en poursuivant les petits poissons, enlève les grapins ou brouille les lignes ; pour beaucoup c'est une âme en peine, un ancien garde-pèche trop dur aux pauvres gens, et qui les lourmente encore après sa mort; d'autres le regardent comme le diable lui-mème : c'est en cette qualité qu'il fut exorcisé par le recteur de Saint-Cast, qui monta sur son dos, et ne le laissa aller qu'après lui avoir fait signer un parchemin bien en règle, par lequel il s'engageait à ne plus tourmenter ses:paroissiens'.

On cite aussi des rochers qui, ordinairement au fond de la mer, remontent parfois tout exprès, et se placent entre deux eaux, pour que les bateaux viennent sans défiance se déchirer sur leurs pointes.

Entre Pilot Saint-Michel et Roche-Plate, aux environs d'Erquy, la mer est toujours grosse aux abords d'un rocher nommé Félouère : on dit qu'un navire chargé d'aimant a coulé auprès, et que les bateaux qui s'en approchent, invincible-ment attirés par cette cargaison, viennent s'y perdre.

Haut de page
Retour Haut



Contact I Copyright I Sources I Police de caractères I Mes créations


Mise à jour effectuée le 03/09/2009